Les anciens lycées français au Viet Nam
Les anciens lycées français au Viet Nam
©Mathilde Tuyet Tran, France 2013
Depuis la fondation d’un pays réuni du Nord au Sud en 1802, le seigneur Nguyễn Phúc Ánh (connu encore sous le nom Nguyễn Ánh) s’est déclaré empereur Gia Long, donnant le nom « Việt Nam » au pays, le nom de la capitale impériale «Phú Xuân» (printemps fortuné), avait ordonné que l’écriture de la cour des NGUYỄN était le chinois mandarin, pourtant le peuple vietnamien parle une autre langage: le vietnamien. La cour des NGUYỄN organisait trois concours sur trois niveaux (Thi Hương, Thi Hội, Thi Đình) afin de choisir les lettrés réussis pour les fonctions d’administration publique dans tous le pays ou entrer comme « mandarin de lettre » à la cour.
Après l’annexion d’une partie du Sud du Việt Nam en 1862, la France a commencé à établir un système d’éducation à la française, dans le but de former une classe de « cadre » locale, qui maîtrise au moins deux langues: le français et le vietnamien.
La langue vietnamienne parlée, qui a été transcrite à la mode chinoise (Chữ Nôm), était encore trop difficile à apprendre. La plus part de la population vietnamienne était analphabète. Ceux qui savaient lire et écrire, le chinois mandarin ou le chữ Nôm, appartenaient à la classe des « lettrés » intellectuels du peuple, ils ont été respectés et avaient des opportunités de rentrer dans les fonctions avec les pouvoirs publics.
En 1625 le missionnaire Alexandre de Rhodes débarqua à Hội An, le port à l’extérieur du Việt Nam à l’époque, au 17ème siècle. À cette époque, la partie du Nord du Việt Nam était le Royaume du Roi des LÊ, la partie du Sud à partir de Thanh Hóa jusqu’à la frontière du Royaume Champa, appartenait au contrôle des seigneurs des NGUYỄN. Les seigneurs des Nguyễn n’avaient pas osé de se déclarer roi ou empereur car le peuple vietnamien était encore favorable au Roi des LÊ, et les seigneurs des TRỊNH, qui soutenaient le Roi des LÊ.
Pour faciliter son travail, l’implantation et l’expansion du christianisme au Việt Nam, Alexandre de Rhodes apprendra à parler le vietnamien. Durant 20 ans de séjour au Việt Nam, Alexandre de Rhodes voyageait dans tout le pays, rencontrait des lettrés vietnamiens convertis au christianisme. Il reprenait, avec les aides des lettrés vietnamiens, le travail que les missionnaires portugais avaient commencé: la transcription la langue parlée vietnamienne en lettres latines. En 1645 Alexandre de Rhodes était définitivement expulsé par le seigneur Chúa Thượng (Nguyễn Phúc Lan) du Việt Nam. En 1651 Alexandre de Rhodes publiait le fruit de son travail: le Dictionnaire anamiticum, lusitanum et latinum, qui était en fait, la transcription de la langue vietnamienne en lettre latine.
La notion «An Nam» trouve son explication dans les liens diplomatiques entre la Chine et le Việt Nam dans les temps qui ont précédé l’arrivée des Européens. Traditionnellement après chaque bataille sanglante victorieuse, les rois vietnamiens pratiquaient la méthode diplomatique en demandant la reconnaissance de la Cour de Chine, afin que celle-ci ne perde pas la face. La Cour de Chine accepte les «cadeaux» et reconnaissait les rois vietnamiens en leur offrant le titre «Roi d’An Nam» (An Nam Quốc Vương). An Nam, traduit du chinois de l’époque, désigne «Le Sud en paix». An Nam n’a jamais été le nom de la nation vietnamienne.
Les termes «An Nam», «annamites» ont été introduits officiellement dans les traités entre la France et le Việt Nam durant la période de 1862 – 1885, l’année où la colonisation du Việt Nam par la France a été complètement achevée.
Cependant, bizarrement, pour effacer le lien diplomatique entre la Chine et le Việt Nam, Jules Patenôtre et Courbet, s’étaient contentés d’ordonner la destruction du sceau impérial « L’Empereur du Việt Nam », un cadeau de reconnaissance de la Cour de Chine (la dynastie Thanh) à la Cour des Nguyễn. Ce cachet de 5,900 kilos d’argent plaqué or, représentait un chameau à genoux reposant sur une base carrée de 4 pouces, épaisse d’environ 1 pouce (environ 11 cm sur 2,7 cm), a été fondu devant les yeux de Patenôtre, de Maigret, Rheinart, Parreau, Gouin et Masse, le 30 août 1884.
La notion «Indo-chine» (Indochine), utilisée par plusieurs géographes célèbres de l’époque, indiquait la situation géographique de la péninsule du sud-est asiatique, entre les Indes et la Chine, composée des trois pays actuels : le Laos, le Cambodge et le Việt Nam.
La notion «Cochin-chine», aussi crée par les géographes, indiquait la situation géographique des côtes du sud de l’Asie du Sud-est, entre la ville de Cochin (au sud des Indes) et la Chine.
Les notions «Indochine», «Cochinchine» et «An Nam» sont répandues dans les livres qui traitent de l’histoire du Việt Nam, mais ils n’ont jamais été les noms officiels du pays et du peuple.
En 1767, le missionnaire Pigneau de Béhaine arriva au Việt Nam. Mgr. Pigneau de Béhaine, de son nom Pierre-Joseph-Georges PIGNEAU DE BÉHAINE, est né le 2 septembre 1741 à Origny-en-Thiérache dans l‘Aisne en Picardie – France, l’aîné des nombreux enfants de monsieur Georges Pigneau et madame Marie-Louise Nicaut.
À vingt-quatre ans, après avoir terminé ses études au séminaire de la Sainte Famille, des Trente-Trois, qu’il a commencé en 1756, Pierre Pigneau rentra au service des Missions Étrangères à Paris et partait christianiser l‘Asie en décembre 1765. Après un séjour en Inde il se rend ensuite au Sud du Vietnam où il crée les séminaires pour propager le christianisme.
Jusqu‘à la fin de sa vie, Pigneau de Béhaine a été connu au Vietnam sous plusieurs noms : Bá Đa Lộc (nom transcrit phonétiquement à la chinoise), Bi-Nhu (Pi-Gno, Pigneau transcrit phonétiquement à la vietnamienne), Thầy Cả (Grand Maître), Đức Thầy Phê-rô, Vê-rô (Grand-maître Phê-rô, Vê-Rô, déformation phonétique probable de Pedro, Pierre en latin, un nom impossible à prononcer par les vietnamiens de l‘époque.)
Pigneau de Béhaine parle couramment la langue vietnamienne et connaît même les différents usages provinciaux. Bá Đa Lộc a continué la transcription phonétique de la langue vietnamienne en lettre latine, œuvre commencée depuis 1640 par Alexandre de Rhodes, missionnaire jésuite né en Avignon, arrivé avec les Portugais en 1624, et suivie par les missionnaires portugais et les lettrés vietnamiens de l’époque.
L’empereur Gia Long Nguyễn Phúc Ánh entretenait une amitié profonde avec Pigneau de Béhaine, l’appelait respectueusement «Maître» ou «Grand maître», lui rendait hommage avec un titre princier. Les autres volontaires comme Chaigneau, Vanier…ont reçu aussi des titres ducaux ou de grands mandarins et plusieurs privilèges à la cour.
Avec la signature du traité « Patenôtre » en 1884 le Viet Nam a perdu quasiment sa souveraineté et son indépendant. Le royaume de la dynastie des Nguyễn est complètement sous la domination française: la partie du Nord, appelé Tonkin, est colonisée, la partie du Centre avec la cour des Nguyen, nommé Annam, est sous le protectorat français, la partie du Sud, appelé Cochinchine, est devenue territoire français. Les empereurs de la dynastie des NGUYỄN sont déclassés en «Roi d’Annam». Cela explique pourquoi l’empereur Hàm Nghi a été intitulé Roi d’Annam, puis finalement Prince d’Annam, à sa déportation à Alger en 1888. L’empereur Duy Tân a été intitulé lui aussi Prince d’Annam à sa déportation sur l’île de la Réunion en 1916, en plein milieu de la première guerre mondiale.
Les anciens lycées français sont encore admirés de nos jours pour leurs tailles et leur architecture imposante. Leur système architectural d’aération hors du temps avec les coursives larges, couvertes, maintient la fraîcheur dans les classes.
Voici quelque photos des lycées fondés par le gouvernement colonial français au Việt Nam qui existent encore à ce jour:
Sources:
- Extrait du livre » Dấu xưa-Tản mạn lịch sử nhà Nguyễn » Les traces de l’histoire – Essais sur la dynastie des NGUYEN, Mathilde Tuyet Tran, France 2010
- Photos: Site de la Télévision Vietnamienne « Những ngôi trường đẹp cổ kính tại Việt Nam », les sites Taberd.org, Marie Curie et autres…
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